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Lettre ouverte à Poezibao / Censure


LETTRE OUVERTE À POEZIBAO

 

Madame,

Je viens d'apprendre que vous avez refusé, sur votre site Poezibao, un de mes poèmes figurant dans l'anthologie en ligne d'Alain Marc, Poésies du cri, issue de son essai Écrire le cri. Motif de votre refus : le contenu explicitement érotique de ce texte que vous jugez irrecevable pour votre revue.

Vous trouverez une lettre ouverte au sujet de votre décision de censure signée par moi-même, suivie d'une lettre d'Alain Marc.

Philippe Guénin

 

Lettre de Philippe Guénin :

Voici donc le texte soumis à votre censure.

De retour, au centre du corps et du rêve, tout cela tu l'attendais, l'amant, avance plus vite, ne te refuse rien, viens-moi, ouvre-toi, je serai là, tu arracheras tes écorces d'acier, d'enfer et de joie, je t'attendrai,, je serai là, tu regarderas, tu me regarderas, et ta queue inventera mon corps, tu maîtriseras tout, je te le dis, je te dirais, mon seigneur, tu es mon maître, tout donné je suis, ressuscité autour de ton sexe, pour toi, que pour toi, jouir de ton plaisir que de ton plaisir, ne casse rien, cesse de dire non, abandonne les semelles de plomb, chausse les bottes de plumes de l'amour,                                                                                                                                                                                                                                                                                                    ,                             ,                                                                                     ,                   ,                           ,              ,                                                                ,         ,                 ,                                                         ,                           ,                      ,                        ,        ,                             ,                                                                                     ,                                  ,                        , oui, patrick, toi aussi, nu, devant toi à travers moi, et tu te bats encore,                          ,                      ,                           ,                                                                                                                                                                                                                                                                           ,                             ,                                                                                     ,                   ,                           ,              ,                                                                ,         ,                 ,                                                         ,                           ,                      ,                        ,        ,                             ,                                           ,

 

[...]

Il s'agit d'un passage du livre Tessons de lune, paru en 1993 au Mercure de France dans la collection « les Lettres françaises » que dirigeait Jean Ristat.

Eléments de réponses donnés à l'énigme suivante : quand apparaissent, comme ici dans ce poème, des paroles ouvertement érotiques, pourquoi sont-elles, à vos yeux, irrecevables (publiquement) ?

Si l'on parcourt votre site de poésie contemporaine Poezibao, dans l'ensemble des poèmes présentés - le panorama est très large -, certains font preuve de la plus grande audace formelle (bouleversement radical des règles syntaxiques, déconstruction du sens, etc.). Néanmoins, l'horizon des poèmes, de facture classique ou plus avant-gardiste, que vous avez choisis, demeure toujours policé et sublimé.

Ainsi tout se passe bien, tout est permis (selon vos critères) tant que l'écriture poétique demeure cantonnée dans un Éther formel qui la maintient le plus loin possible du magma des pulsions.

C'est précisément contre cela, chère madame, que Tessons de lune fut écrit.

En prenant le risque de ne plus séparer l'écriture du corps (sexué !), j'ai voulu évoquer crûment une passion et faire entendre, tel un chant, la fureur obscène du désir amoureux - pouvant parfois devenir, à mes yeux, l'une des dimensions primordiales de la poésie.

C'est donc cela que vous rejetez... Ce genre de paroles qui seraient pourtant « la voix barbare et fêlée venant de la profondeur de ton ventre » (Bataille), vous ne voulez donc ni les voir ni les entendre sur votre site généraliste.

Enfin sachez que Tessons de lune fut écrit à partir de l'amour fou d'un homme - l'écrivain Pierre Boudot dont j'ai été un élève et un ami proche - pour un autre homme. Cet amour incandescent alla jusqu'à la mort de Pierre Boudot. Ma façon de l'évoquer poétiquement ne fut pas un épanchement lyrique et larmoyant mais un requiem obscène.

Et j'irai jusqu'à penser que le contenu explicitement homosexuel du texte ci-joint n'a sans doute pas contribué à atténuer votre intransigeance normative...

Philippe Guénin

 

Lettre d'Alain Marc :

J'ai effectivement vu après un plein accord la publication en ligne de mon anthologie Poésies du cri brutalement interrompue. Cette anthologie est issue de mon essai Écrire le cri sur lequel Poezibao a pourtant consacré un très bel article. D'autre part, la liste des poètes concernés avait été préalablement donnée et acceptée [1].

Tout se passa très bien pour les onze premières publications. Il me parut alors nécessaire de montrer ce qu'était réellement une poésie du cri et de choisir dans la liste donnée une poésie encore plus parlante. Le moment était venu d'aller plus loin. Deux poèmes posèrent particulièrement problème : un premier de Paul Verlaine, tiré de son recueil Hombres, et un autre, extrait du superbe Tessons de lune de Philippe Guénin sous le prétexte qu'ils étaient trop explicites - sexuellement. Je proposai bien plusieurs solutions, comme de faire précéder le poème de Verlaine, l'un de ses plus corsés mais aussi de ses plus modernes, pourtant publié en poche depuis les années 70, par une introduction citant Sollers à propos de l'impossibilité de lire un extrait des 120 journées au journal de 20 heures. Rien n'y fit. Je me vis proposer le choix : soit de continuer une version forcément édulcorée de cette anthologie en censurant les poèmes ne "convenant pas", soit d'en arrêter purement et simplement la publication, ce que je fis.

Je poursuivis néanmoins ma route comme je le fais depuis le début, habitué des nombreuses embûches qui en jalonnent le parcours, non sans en sous-entendre, ici ou là, ce nouvel incident notamment sur le site Terres de femmes [2].

Les attirances mutuelles jouant bien leur rôle, il se trouve que je rencontrai Philippe Guénin quelque temps plus tard. Une collaboration s'engagea. C'est la perspective de la sortie de l'un de mes livres les plus importants à mes yeux qui me fit ressortir le dossier en décidant de mettre en ligne sur mon propre blog, lapoésiedoitquitterlabeauté, ce même extrait. J'en parlai naturellement, presque innocemment même, à son auteur. C'est face à sa réaction que je me ressaisis du sujet, et que quelques remarques me viennent à l'esprit.

Premièrement. Quand on passe visiblement de la théorie à son application tout devient plus conséquent, c'est-à-dire parlant, c'est-à-dire obscène. Mais n'est-ce pas là, justement, le but de toute vraie littérature ? Deuxièmement. Contrairement à ce numéro « porno » des Lettres françaises de Jean Ristat, qui fit date  - août 1992 -, où il était prégnant que les images étaient bien plus inacceptables que les textes présents, ici, sur Internet, il s'agirait d'une régression supplémentaire, à un deuxième niveau...

Faut-il avoir si peur de ces petits boutons sur lesquels on n'a qu'à cliquer pour « Dénoncer un abus » et accepter de sacrifier la littérature sur l'autel d'une poésie banalisée et passe-partout ? Ce qui nous ferait presque croire qu'il n'y aurait plus dans ce monde de la poésie que des éditeurs bons chics publiant des poètes bons genres. Avec l'adage, que la poésie se doit d'être poétique ! Et seulement poétique ! Or la poésie est aussi, beaucoup plus que l'on ne croit, une poésie de combat. Ce qu'étaient, à n'en pas douter une seconde, les poésies érotiques de la fin de la vie de Verlaine. Or la poésie est aussi propulsion, et vers « par flèches jeté » (Mallarmé). Si je suis venu à la poésie et à la littérature, vierge de toute connaissance et de tous préjugés, c'est parce que j'ai rencontré des livres et des écrits qui m'ont parlé, directement.

Trop de structures en place sclérosent la poésie, lesquelles immanquablement censurent, au nom de la bonne foi. Or la censure est le contraire de la vie. Et ne peut que pousser au conformisme (nous voilà revenus au temps de la censure du Château de Cène de Bernard Noël, ou d'Eden, Eden, Eden de Guyotat, c'est-à-dire au tout début des années... 70 !). Ce que fuient toute vraie littérature et toute vraie poésie dignes de ce nom (est-il besoin de rappeler Bataille et les seuls livres nécessaires qu'il se promettait d'écrire ?).

Que peut être un site qui se veut le reflet de la poésie d'aujourd'hui s'il en filtre les expressions ? Un site, et un reflet, sûrement pas complet, ni fidèle, ni même honnête. En un mot : un site mort, qui véhicule la seule mort de la poésie (le contraire d'une poésie vivante). Et la poésie que je défends est hors de toute censure, hors de tout jugement moral. La poésie que je défends est une poésie ouverte à la pulsion de la psyché, et à tous ses imprévus. La poésie que je défends est une poésie qui parfois pulvérise le bon ordre, et toutes les idées en place. Une poésie, oui, qui serait capable d'empêcher un homme de se suicider ! Toujours en lien avec la vie, elle est : libre !

Alain Marc

 

Voici trois autres passages de Tessons de lune.

reliefs de silence, vallée polaire, bougie humaine amputée, battement, coincement de sexe, lui, chez cette femme, un autre, une femme, des lanières de métal en torsion, tissu de rêve décapé, morcellement d’ombre, pluie noire,
            où es-tu, toi, l’amant, ses seins, sa voix menue, tu pilonnes, tu t’enlises, tu t’agrippes à mes fesses, tu coules, en elle, oublie tout, m’efface, te fais basculer très fort, elle t’a pris, te possède, elle t’enchaîne, à toucher ses lèvres, à caresser ses fesses, mini-jupe, tu t’excites, encore, la déculottes, continues, dans son cul, tu contorsionnes, vulve chaude, épaisse, brûlante, dans sa chatte, béante, gluante, démesurée, tu t’enlises, alors elle te soupire, t’allume, te murmure, suis qu’à toi, fais-moi pute, que pour toi, prends-moi, t’en peux plus, elle est belle à crever, t’en peux plus d’elle, me jetteras, partiras, qu’avec elle, tu râles, tu pilonnes, crachat de spermes, si difficile de te déboîter d’elle, je tremble, en moi, suis là que pour toi, n’ose plus rien, propulsé, je suis là, une épave, bousillées, crevée, allongée, contractée à vide, dans ma chambre, tu la pilonnes encore, je le sens, je le sais, elle, détruits-moi, redouble tes assauts, tu ne peux plus sortir d’elle, le sais, il est trois heures de ma mort, liqueur de sang, je bois, comprime, ma gorge, l’air bloqué, au fond, je te vois, cours après ton éjaculation, tu veux m’anéantir, toi, l’amant, à travers elle,

[…]

, carapace fiévreuse,    ,                  ,

[…]

             ,       , nuit de la nuit,        ,

 

Et le passage du poème de Paul Verlaine.

VIII

Un peu de merde et de fromage
Ne sont pas pour effaroucher
Mon nez, ma bouche et mon courage
Dans l'amour de gamahucher.

L'odeur m'est assez gaie en somme,
Du trou du cul de mes amants,
Aigre et fraîche comme la pomme
Dans la moiteur de sains ferments.

Et ma langue que rien ne dompte,
Par la douceur des longs poils roux
Raide et folle de bonne honte
Assouvit là ses plus forts goûts,

Puis pourléchant le périnée
Et les couilles d'un mode lent,
Au long du chibre contournée
S'arrête à la base du gland.

[...]

 

 


[1] La totalité de l'anthologie est toujours visible sur le site à l'adresse http://poezibao.typepad.com/poezibao/anthologie_posies_du_cri/.

[2] Voir la réaction et son commentaire à un poème de la très bonne anthologie de Jerome Rothenberg les Techniciens du sacré à l'adresse http://terresdefemmes.blogs.com/mon_weblog/2008/05/vises-kunakipi.html#comment-113468870.

 

Cette lettre a été envoyée à Bernard Noël, Jacques Henric, Jean Ristat, Jean-Pierre Faye, Fabienne Courtade, Charles Pennequin, François Bon, Jean-Michel Maulpoix, Julien Blaine, Francis Combes, Lucille Calmel, Antoine Boute, Guy Darol, Sébastien Doubinsky,  Andy Vérol, Arlette Albert-Birot, Emmanuel Ponsart, Éric Maclos, Luis Mizon, Zoe Valdes, Jean-Luc Maxence, Laure Fardoulis, Daniel Giraud, Jean Streff, Michèle Larue, Annick Foucault, Marie Morel, Mylène Besson, Élizabeth Prouvost, Anne Huet, Alain Oudin, Jean-Michel Devésa, les éditions Tristram, Laurence Viallet, le Mort-qui-trompe, Hermaphrodite, Cadex, les journaux, revues et magazines les Lettres françaises, la Revue des livres et des idéesCassandre, Dissonances, Art press, Action poétique, Têtu, les sites Remue.net, Impudique magazine, le Mague, les Voleurs de feu, les radios Ici et maintenant, Radio libertaire, Radio Alligre,  Vincent Teixeira, Jehan Van Langhenhoven, Kej, X.D.D.C., Joël Leick, Genevieve Houdent, Micheline Sevrin, François Laruelle, Marc Guillaume, Anne Larue, Yves de Fontbrune, et d’autres.

 

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Commentaires

  • Voir la réponse de Florence Trocmé à Philippe Guénin :

    http://poezibao.typepad.com/files/r%C3%A9ponse-lettre-ouverte-p.-gu%C3%A9nin.pdf

    Où il est maintenant clair que l'on ne peut pas publier de "vraie" littérature sur Internet...

    (à l'heure du débat de plus en plus présent de basculer presque toute la littérature sur...)

  • Si le motif est "contenu explicitement érotique irrecevable", alors cela sent la marcellinade. Peut-être pourriez-vous exiger l'emploi d'un sticker comme le PMRC en eut l'idée aux Etats-Unis, milieu des années 1980 ? Quelque chose comme : "Information à l'usage des parents : paroles explicites." Une sorte de compromis, quoi ! Au fait, est-il à jour l'Index Librorum Prohibitorum de 1559 ?
    Toutes mes meilleures pensées vont à Jean de Berg, Pierre Guyotat, André Hardellet, Bernard Noël, Alexandre Kalda, Giorgio Scerbanenco, Louis Calaferte, William S. Burroughs, James Joyce et... Régine Deforges. Oui, Régine Deforges. Car pour finir, je recommande à Poezibao la lecture de "A Paris, au printemps, ça sent la merde et le lilas" (Fayard, septembre 2008). Un livre très utile de nos jours.

  • Bravo pour la lettre ouverte !

  • Plus j'avance dans cette histoire, et plus je réalise qu'il est question de liberté d'expression.

    Il faut désinhiber la poésie...

  • merci de m'avoir envoyé cette lettre... c'est assez effarant de la part d'un site de poésie...
    mais en même temps tellement symptomatique de l'air du temps...
    triste époque, où l'on voit resurgir de plus en plus les spectres de la censure... comme si certains prédécesseurs que l'on sait avaient oeuvré en vain, pour rien - mais il est vrai que la résistance et le combat transcendent les époques, se doivent d'être toujours d'actualité et sont un des nerfs de la création...
    triste époque où l'on massacre ou édulcore la vie intérieure, liquidant peu à peu toute singularité et tout éperdu...
    "De l'air, j'étouffe" criait Deleuze...

  • Merci de m'avoir adressé votre lettre ouverte. J'y suis en effet très sensible. Et, sur le fond, j'approuve sans hésiter l'article d'Alain Marc.

    J'aime, moi aussi, "une poésie qui parfois pulvérise le bon ordre, et toutes les idées en place" !

    Une mystique sans corps, d'où qu'elle provienne, est un mensonge, un masque, une désertion.

    Amitié poétique.

  • c'est bien de se donner autant de peine pour votre chérubin de site mais hélas l'enfer est pavé de bonnes intentions car vous, chère reine morte, avez peur et horreur de la vérité des (bas) ventres

  • Par qui remplace-t-on un poète publié et non censuré au Mercure de France ou dans les Lettres Françaises.
    Suis-je naïve. Je croyais que l'on ne censurait plus les poètes, les écrivains...
    On censure Philippe Guénin parce qu'il crie la chair, le foutre, au coeur de l'être vivant !
    On censure Anne Larue, parce qu'elle rappelle aux femmes ce que 5000 ans de patriarcat nous cachent, dans une société où Dieu est mâle !
    Censure ôte tes sales pattes, tu m'étouffes !

  • Il n'est pas question d'attaquer une personne, mais un système.

  • À propos de censure...
    La chronique (présentation) du livre d'Anne Larue censuré par les Classiques Garnier est en ligne.
    http://www.come4news.com/anne-larue-i-yes-wiccanes-i-144594

    Faites tourner...

  • Au niveau des arts plastiques :

    - un directeur de musée poursuivi pour une exposition d'art contemporain à Bordeaux (2000)

    http://www.lemonde.fr/cgi-bin/ACHATS/acheter.cgi?offre=ARCHIVES&type_item=ART_ARCH_30J&objet_id=966505&clef=ARC-TRK-NC_01

    - ennuis de Gilles Traquini à Nice - alors que le tableau de Courbet est visible par tous au musée d'Orsay... (2006)

    http://www.nice-premium.com/article/censure-a-la-galerie-helenbeck-de-nice.1355.html

    - censure d'une œuvre de Lawrence à Beauvais (2006)

    http://artisfacta.60.free.fr/reaction.htm

    - censure d'une œuvre de Charlier à la Biennale d'art contemporain de Venise (2009)

    http://www.ldh-france.org/La-Biennale-de-Venise-censure-un

    - censure d'une exposition d'art contemporain à Amiens par le Conseil général de la Somme (2010)

    http://www.lemonde.fr/culture/article/2010/06/03/cachez-ces-dessins-erotiques-qui-heurtent-le-president-du-conseil-general_1367238_3246.html

    ...

  • Je comprends désormais la rénovation, voilà deux ans du donjon du château de Vincennes...
    La geôle de notre cher Marquis, libre, attend les nouveaux poètes sacrifiés pour leur liberté de penser... et de si bien s'en exprimer.
    Philippe, on les aura !

  • croyez que je partage toute votre colère dans l'affaire entre vous et poezibao qui est pourtant un projet (tout du moins jusque là) on ne peut plus respectable... mais comme vous le dites bien, l'époque est cul-serré qui a réussi l'exploit de faire de chacun un censeur potentiel, rôle qui sied à certains que d'autres peuvent craindre au point, préventivement, de s'auto-policer et c'est triste en effet... et c'est insupportable... mais c'est comme ça, voilà : il nous faut faire avec et myspace par exemple, à qui fut signalé par une de ces bonnes âmes un "contenu inapproprié" sur la page que nous y avons, vient là d'y supprimer certaines illustrations avant de nous coller un statut de "profil privé" qui est nous étouffer... nous en ferons une autre : si ça ne passe pas de face, allons par le côté !
    car il n'y pas d'art, ni de littérature donc, qui avant tout ne transgresse (de tous temps à l'époque dire sa vérité, c'est comme à sa figure venir postillonner, voire vomir sur ses pieds) : on crie ou on se tait.
    alors ne lâchons pas l'affaire : résistons, agissons (qui est ce que vous faites et ce que nous faisons).

    jean-marc flapp (revue dissonances)

  • « Dans la droite ligne de l'état d'esprit qui règne désormais dans notre pays, le site Poezibao vient de “refuser” un poème de Philippe Guénin figurant dans l'anthologie en ligne d'Alain Marc, Poésies du cri. Il s'agit d'un passage du livre Tessons de lune paru en 1993 au Mercure de France, dans la collection “les Lettres françaises” que dirigeait Jean Ristat.
    L'affaire est importante [...] d'autant qu'un autre poème “incriminé” est signé... Paul Verlaine ! »

    Jean-Pierre Han, postscriptum de l'édito du n°73 des Lettres françaises, cahier central du journal l'Humanité du 3 juillet 2010.

  • J'ai lu l'écrit de Philippe Guénin. Non seulement ce texte est trés beau mais n'est-il pas moins choquant pour les pisse-froid et les cul-pincés que, par exemple, "les onze mille verges" d'Apollinaire?
    Cette censure, minable comme toutes censures, est d'autant plus étonnante qu'aujourd'hui l'homosexualité s'affiche partout, contrairement à d'autres "minorités érotiques"...
    Il n'y a pas de bonnes censures comme il n'y a pas de bonnes auto-censures. Tout censeur est castrateur - se vengeant sans doute de sa vie insipide et de sa morale immorale..." Les impuissants veulent châtrer ceux qui ne le sont pas" (J. Mitry).
    Et Truffaut ne disait-il pas que la censure n'existe que pour les lâches?
    Inutile de bafouer la liberté d'expression. Mesdames et messieurs les censeurs, je vous méprise.

    Daniel Giraud, poète et penseur.

  • 1ère lettre à :

    « Comment appeler cela autrement que censure puisqu’il y eut censure du 'texte'. Engendrant bien d’autres questions : qu’en est-il de la littérature (je veux dire publication directe du texte, et non de simples informations destinées à la promotion), sur ce nouveau média qu’est Internet ?
    […] La peur, et elle seule, a agi là, à mon sens, par une autocensure. Des plus dangereuse, oui, peut-être, en tous cas qui annule des décennies de combat où je ne prendrais que le nom de Jean-Jacques Pauvert comme icône. [...] Pour une liberté et une intelligence que seules peut-être la littérature et la philosophie étaient capables de mettre à nu. »

  • http://www.lemague.net/dyn/spip.php?article7222

  • 2ème lettre à :

    « Nous pensons, Philippe et moi, que cette “affaire”, aujourd’hui, n’est pas anodine. Elle touche cette espèce de loi du silence généralisée qui censure, ou autocensure, ou plus exactement encore refuse, dit non, à toute initiative qu’elle soit littéraire ou artistique dès que cette dernière est, même très légèrement, un tant soit peu subversive. Plus personne n’ose aujourd’hui lever le moindre petit doigt. [...]
    La censure est le plus souvent diffuse. On s’adresse à un “diffuseur”, un organisateur, on envoie un dossier. On a au bout d’un certain temps un sentiment de refus persistant, voire, qui se généralise. Qui est évidemment à questionner et à dégager des autres raisons possibles. Nous sommes dans une démocratie. Soi-disant. Avec des libertés. De s’exprimer, contrebalancer, émettre son opinion. Contraire. Liberté et censure, sont du même combat. Liberté et censure. Qui sont d’abord un sentiment. De.
    Mais l’époque, vaste question [...], à l’horizon de ce (petit) fait de Poezibao, ne [...] paraît-elle pas, sur ces questions, faire fortement “machine arrière” ? [...] ce que nous avons fait, Philippe et moi. Car nous n’admettons pas, n’admettons plus, de laisser les choses, la littérature et l’art, qui sont toujours une réponse à la société et au monde qui les ont suscités, telles que ces dernières sont aujourd’hui, et telles qu’elles s’engagent un peu plus chaque jour. »

  • La poésie : à l'image de Steve Jobs...

    ( http://www.charliehebdo.fr/actualites.html )

  • Et maintenant le Musée d'art moderne de la Ville de Paris avec les photos de Larry Clark !

    * http://www.paris-art.com/echos/exposition-larry-clark-les-verts-accusent-la-mairie-de-paris-de-censure/979.html

    * http://www.france24.com/fr/20100927-exposition-larry-clark-musee-ville-paris-interdit-moins-18ans-protection-enfance-pornographie-sexualite-adolescent

    * http://www.lemonde.fr/culture/article/2010/10/02/larry-clark-une-attaque-des-adultes-contre-les-ados_1419322_3246.html

    (pour une fille entourant amoureusement de sa main un sexe en érection...)

  • « … Les deux auteurs s’émeuvent auprès de Florence Trocmé, qui a créé et anime le site Poezibao, de ce qu’il faut bien appeler une censure. […]
    Disons-le de suite : l’étonnement, l’indignation, la déception des deux auteurs témoignent de la perception positive qu’ils avaient jusque-là du site Poezibao et de leur considération pour le travail de Florence Trocmé.
    Par ailleurs, la réponse de Florence Trocmé à nos deux écrivains est riche d’enseignements. Que dit-elle en substance ?
    Que la tenue d’un site comme Poezibao expose à […] et qu’elle a “jugé inopportun de publier des textes érotiques pour cette raison”. […]
    […]
    Internet ou pas, faut-il accepter ainsi d’intégrer les ligues de vertu et leurs réactions supposées, et leur donner satisfaction sans même qu’elles aient à s’émouvoir !
    C’est bien ce qu’on a pu reprocher, dernièrement, à la Mairie de Paris, au sujet d’une exposition photographique…
    Mais un autre élément dans cette réponse retient l’attention, lorsqu’elle prend une tournure plus polémique […]
    Confondre le vocabulaire érotique et le foot dans le sac de l’audience, n’est-ce pas cela qui est obscène ?
    Sans rire, c’est ce qui s’appelle montrer le bout… de l’oreille, et un peu plus, lorsque Florence Trocmé s’empêtre ainsi dans le lexique, et dit ses dégoûts autant que son mépris. On les lui abandonnera bien volontiers, comme toutes soumissions à l’époque.
    À ceux qui pensaient – non sans naïveté – que l’édition en ligne pouvait ouvrir de nouveaux espaces de liberté, voici un rappel au réel : le virtuel n’échappe pas au contrôle du pouvoir et, pour le coup, sac à papier, la chose imprimée a encore de beaux jours devant elle ! »

    Éric Maclos, « le Cri dans la Toile », n°78 des Lettres françaises, cahier central du journal l’Humanité du 8 janvier 2011.

  • Juste un mot pour réitérer mon soutien et réécrire que je me prononce contre TOUTES les censures.

  • Hummm... C'est qu'il semble de bon ton, en France de 2011, d'arborer à la boutonnière l'oeillet de la poésie (2€, payable en ligne). Mais toujours, ce n'est pas nouveau, en restant dans les clous. De vrais prophètes, si j'ose dire.

    Beaucoup de nos directeurs artistiques (ou autres statuts douteux du même acabit) ont du mal avec ce qui nous vient du ventre et de la viande. Et si en plus il est question de membres tendus et de cochonnades inter-masculines ....
    D'ailleurs, notons qu'à l'inverse, Lesbos a aujourd'hui les faveurs de la censure. C'est qu'il doit y avoir une licence légère, agréable et parfumée, à dérouler sur la toile des tapis de Delphine et Hippolyte post-moderniste.

    M'enfin, ces pantalonnades mêlés d'orgueils blessés, de plaintes et de fins de non-recevoir sont comme les nuages du Net : monotones, itératifs, on s'y fait, on s'y ennuie. A la limite, on peut les regarder pour s'endormir.

    Je me prononce moi aussi, comme notre ami JM, contre toutes les formes de censures.
    Mais je me prononce aussi contre la naïveté de ceux qui jouent les étonnés, comme si cet abus serait une nouveauté.

  • ET CELA CONTINUE

    AVEC LILIANE GIRAUDON...

    http://www.sitaudis.fr/Excitations/a-l-ecole-des-ecrivains.php

  • Et toujours la censure. Bête, idiote, et là, qui dépasse quand même les bornes... : l'affaire des 4 cartes postales de Philippe Pissier, à qui on n'a toujours pas rendu "la mémoire de son ordinateur"... !

    http://philippepissier.canalblog.com/archives/2008/09/27/10732751.html

    et

    http://www.ladepeche.fr/article/2011/05/27/1091745-les-cartes-postales-font-encore-debat.html

  • Et encore cet article, et cette affaire, de 2008... Il s'agit du photographe russe Oleg Kulik à la FIAC de 2008 :

    http://savatier.blog.lemonde.fr/2008/11/03/police-morale-a-la-fiac/

    L'article résume tout à fait bien toute l’ambiguïté de la société et de la loi...

  • Que de bruit autour d’une affaire de prétendue censure !!
    Florence Trocmé est citoyenne française donc normalement attachée à sa liberté de pensée. Sa décision de ne pas publier un texte, quelles qu’en soient les raisons la regarde. Pourquoi devrait-elle se justifier ? Au nom de quoi, ou de qui ? D’aucuns qui militent pour la liberté d’expression refusent à d’autres leur liberté d’appréciation !! Nous voici en route pour le terrorisme intellectuel… Devant un échec il est plus facile de dire à l’autre « Pourquoi avez-vous refusé mes textes ? » que de se dire à soi-même « Pourquoi mes textes ont-ils été refusés ?»
    L’autocritique avant la critique… La modestie avant la prétention … et les vaches seront bien gardées !

  • La question reste sensible au jour d'aujourd'hui où un Facebook censure chaque jour de véritables œuvres sous le prétexte fallacieux de la présence d'un sein légèrement dénudé alors que toutes les télévisions du même occident pointent dans leurs unes les photos nues et dans des positions parfois plus que suggestives de stars américaines piratées du "cloud"... Il s'agit d'une question de hauteur, et de grandeur. La poésie n'est pas quelque chose de seulement bien gentil, propre, etc... Avancer la patrie ne me semble pas un bon parti pour appréhender la problématique présente, que vous semblez visiblement ne pas avoir vraiment considérée dans son ensemble - c'est le moins que l'on puisse dire ! Je reste pour ma part absolument attaché à l'œuvre de Georges Bataille.
    Je ferme tous les commentaires de ce blog, qui est aujourd'hui un blog archive.

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